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17/10/2013

Baby-Loup : faux problème ?

Le feuilleton médiatique de la "laïcité" recommence, avec le retour en appel de l'affaire de la crèche et du voile :

baby-loup-laicite[1].jpg

 


La première décision d'appel avait donné raison à la crèche (refus du voile au nom de la « laïcité ») ; la Cour de cassation, vigilante gardienne du communautarisme, avait récusé cette décision, au motif que la loi sur les signes religieux ne s'applique pas aux entreprises privées... Que vont décider les nouveaux juges d'appel ? S'ils reprennent la jurisprudence de l'arrêt cassé, la Cour de cassation va-t-elle re-casser mais sans renvoi, comme pour l'affaire Dreyfus ? Ce serait disproportionné. Mais symptomatique.

En effet, toute cette affaire est marquée par la panique intellectuelle :

- Première incohérence, l'abus du mot « laïcité ». Ce terme indéfinissable (absent des lois de 1905) peut être chargé de n'importe quel contenu, et nul ne sait à quoi il s'applique. S'il s'agit de garantir la neutralité des services publics, il y avait déjà dans les lois de quoi s'en assurer. S'il s'agit d'empêcher l'expression des convictions religieuses dans la société civile, c'est un abus flagrant. Quant aux entreprises privées, il y avait déjà suffisamment d'anti-discrimination dans les codes pour fixer des normes aux employeurs.

- Deuxième incohérence : la confusion entre coutumes communautaires et prescriptions religieuses... Le Coran dit aux femmes d'avoir quelque chose sur la tête (mais ne parle pas de burqa ni même de haïk) ; saint Paul en faisait autant à son époque ; il s'agissait de contextes culturels datés et situés. La question du voile et de sa dimension est une affaire culturelle déguisée en prescription religieuse, et diffusée dans l'hémisphère nord par l'émigration arabo-musulmane. Raison pour laquelle on discerne aujourd'hui, derrière les postures « laïques », une peur qui n'ose pas dire son nom : elle vise l'immigration en tant qu'immigration, bien plus qu'en tant que vecteur d'une religion. Ce refoulement se défoule obliquement en « vigilance laïque », et c'est le symptôme d'une hystérie latente dans la classe politico-médiatique.

- Troisième incohérence, une contradiction désormais entre deux branches du système : le politico-médiatique et le publicitaire. Contrairement au premier, le second ne fait aucune objection au communautarisme, qui se traduit pour lui en segments de marchés supplémentaires. D'où le boom de la pub et des rayons halal dans les hypermarchés, etc.

- Quatrième incohérence, liée à la précédente : celle des « libéraux-conservateurs », qui croient pouvoir soutenir le tout-marchand (au nom du libéralisme) tout en l'empêchant (au nom du « conservatisme ») de suivre sa logique : l'extension permanente du domaine de la marchandise – par exemple en direction des communautarismes, ou du LGBT, etc. Comme dit Bossuet, Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.

On pourrait ajouter d'autres incohérences à cette liste de symptômes, affectant une société ataxique et décérébrée.

 

Commentaires

BAZAR

> Ces incohérences multiples et toute la confusion que vous soulignez très justement font qu'on n'est pas près de sortir du bazar d'une laïcité que chacun définit et dont chacun s'accapare ou se défait au gré de ses propres intérêts, sans souci aucun des réalités objectives.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 17/10/2013

LE FRANCAIS

> Vous rejoignez Alain Finkielkraut, qui dit à propos de l'Identité malheureuse, que le "métissage" n'existe aujourd'hui en France que sur les étals de supermarché.
Il me semble que les Français de bonne volonté, et parmi eux particulièrement les catholiques, ont le devoir aujourd'hui de penser de façon plus complexe que ce qui a été fait jusqu'à présent le rapport à l'immigration. Pape François a raison pour Lampedusa, pour notre indifférence, pour notre devoir d'accueil et de charité, non seulement d'ailleurs vis-à-vis des immigrés mais d'abord et surtout vis-à-vis de leurs pays d'origine. Mais il ne nous donne, et parce que ce n'est pas son rôle, me semble-t-il, aucune règle pour que nos sociétés continuent d'exister, pour le bien de tous, dans ce maëlstrom de la mondialisation.
On peut dire que c'est le libéralisme qui a créé cette situation. On doit le dire. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour faire porter au Français péri-urbain de Guilluy le fardeau de cette mondialisation, dont il a lui-même déjà été victime.
On pourrait dire que c'est bien fait pour lui, et qu'il était consentant. Je ne le crois pas. Ce Français est le résultat de deux siècles de déculturation à marche forcée, entamée par l'industrialisation et l'exode rural, poursuivie ensuite par sa ban-localisation après effondrement de la même industrie.
Ce Français n'a plus d'identité parce que la modernité la lui a enlevée. Nous n'avons pas le droit de lui imposer en sus des identités communautaires importées.
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Écrit par : JG / | 17/10/2013

UN VIDE

> Le problème n'est pas l'immigration mais la Révolution culturelle qui, bien que passé de mode en Chine, est de plus en plus virulente en France. il y a une réelle volonté de destruction de la culture française, ce qui crée un vide qui est d'autant moins soutenable qu'on est déraciné, ce qui explique que les immigrés ou leurs enfants sont poussés à reconstituer la culture de leur pays d'origine.
Les programmes des écoles insistent sur les erreurs des Français tout en passant sous silence celles des autres, et mettent en valeur les cultures étrangères plus que la nôtre. Les responsables politiques sont gênés par les musées et les monuments historiques qui ne sont valables pour eux que comme marques à exporter ou comme écrins pour des installations métissées post-culturelles. Gauchistes et libéraux de droite et de gauche ne voient dans ces vieilles institutions culturelles que des survivances d'un passé barbare qu'on ne peut tolérer que si elles font du chiffre, oubliant complètement leur but gratuit de démocratisation de la culture.
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Écrit par : Guadet / | 17/10/2013

ENTRISME

> Le règlement intérieur stipulait cette interdiction quand l'employée est entrée dans la crèche. ce n'est qu'au retour d'un congé de maternité qu'elle s'est insubordinnée.
Il s'agit d'une société privée mais qui accueille du public (multiconfessionel).
Cela est encore une occasion d'un certain islam de faire de l'entrisme.
Cela rejoint la question le dialogue avec l'islam est-il possible ?
Non : c'est une religion (un système ?) qui s'appuie sur des règles de sociétés. Son but est donc d'imposer ces règles. (citez-moi un pays où l'islam est majoritaire et où les minorités ont les MEMES droits que les musulmans, où l'on peut librement changer de religion, exercer son culte). Il y a longtemps que dans l'islam les juristes ont pris le pouvoir aux dépends des penseurs.
La France résiste mais s'est subordonnée au droit européen (contrairement à l'Allemagne). Et les libertaires y sont de plus en plus nombreux ... sans voir qu'ils vont couper la branche sur laquelle ils sont assis.
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Écrit par : franz / | 17/10/2013

TRIBU

> Le refus du port du voile est devenu une sorte de référent identitaire. Pour faire partie de la tribu, il faudra être favorable à son interdiction dans la rue, au travail, partout! tandis que le groupe d'en face, au contraire, prônera le voile comme un ciment communautaire indispensable.

Nous sommes en plein dans le communautarisme fermé, grimé en pseudo-laïcité, pour qui la différence de l'autre, y compris vestimentaire, devient une menace pour sa propre intégrité. Comme par hasard, à une époque en déficit de transmission, où les communautés - et d'abord la cellule familiale - s'effilochent, où les citoyens ont tant de mal à se stabiliser dans une appartenance et un engagement de longue durée...
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Écrit par : Blaise / | 17/10/2013

AU PROFIT D'ELITES

> Faire remonter les maux sociaux à deux siècles me semble caricatural. L'Ancien Régime s'affublait lui-même du cache-sexe des valeurs traditionnelles (sous-entendu catholiques et héréditaires donc indiscutables) pour justifier l'autoritarisme terre-à-terre et les perversités bien réelles des "puissants" et des "grands" de notre monde, là où notre société "libérée" ne fait pas autre chose, mais au profit d'autres élites. On y retrouve cependant et toujours le même rapport conflictuel au pouvoir, à l'argent, au sexe, aux autres, et à la cause de toutes choses. Bref, nous vivons dans ce monde, pas encore dans l'autre.
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Écrit par : christophe b / | 17/10/2013

DICTEE

> sur "la confusion entre coutumes communautaires et prescriptions religieuses".
La difficulté est que le Coran est censé avoir été dicté par Dieu, pas seulement inspiré comme la Bible. Avec un tel point de départ, il difficile de faire comprendre aux Musulmans ce qui n'est que culturel!
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Écrit par : Pierre Huet / | 17/10/2013

MAGINOT

> polémiques dérisoires, dignes de la ligne Maginot.
Pendant ce temps les élites se rendent à l'islam en témoigne Ayrault fêtant l'Aid et les quartiers s'islamisent sur les cendres du projet liberal libertaire. On prépare ainsi une guerre civile.
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Écrit par : ludovic / | 17/10/2013

DEBAT

> Je ne vois pas le problème, je suis allé rue de Solférino puis rue de Miromesnil, je n'ai vu aucune femme voilée !
L'islamisation massive n'est donc qu'un "fantasme-d'une-certaine-France-repliée-sur-elle-même" puisque celui qui ne sort jamais des 7e et 8e arrondissement, n'en souffre pas

ah tout ce populisme qui nous rappelle les heures les plus noires de notre histoire, j'ai mal à ma France !

Bref, la Tunisie a interdit le port du voile vers 1960 et une collègue franco-marocaine me dit : "tout le monde est au courant que la France n'est pas un pays musulman, on le sait très bien. D'ailleurs beaucoup d'entre nous y viennent en partie pour ça : parce que dans les pays musulmans, on étouffe dans le carcan du qu'en-dira-t-on".

Mais tout cela, n'est rien. Le fond du problème c'est que les Français ne sont pas fiers de leur culture et du coup ils ne pensent m^me pas à l'offrir aux immigrés.
Toujours à nous auto dénigrer : comment des immigrés voudraient-ils se mêler à des auto-flagellants continuels ? ceux qui le font ont vraiment du mérite !

@ christophe b

L'Ancien Régime avait plein de défauts mais justement, il était tout sauf autoritaire puisque c'était le règne de la petite loi perso sur mesure : le privilège. Et là je vous rejoins, actuellement aussi, l'Etat fabrique des privilèges : niches fiscales, mariage gay, pacs, discrimination positive... on brise la société
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/10/2013

LE SEUL ?

> E.L. a bien raison de dire :
" Toujours à nous auto dénigrer : comment des immigrés voudraient-ils se mêler à des auto-flagellants continuels ? ceux qui le font ont vraiment du mérite ! "
Je pense que c'est cela fait la force du FN , plus que le racisme au sens littéral. L'expression d'un certain racisme est souvent le fruit d'une exacerbation. Nos politiques feraient bien d'y réfléchir avant les municipales (mais là peut-être nous entrons dans un autre débat - NB je ne dis pas que le FN apporte une qcq solution, juste qu'étant le seul à ne verser systématiquement dans l'autoflagellation il engrange des voix).
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Écrit par : franz / | 21/10/2013

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